Vers l'atelier

C’est d'abord un instant unique, qui ne se reproduira pas, instant fragile, éruption forte et indélébile … pourvu qu'on ne l’efface pas.

L'œuvre jaillit brutalement et parle dans le grand silence.

Le cœur a vibré, l’œuvre naît et sort des entrailles, de la terre, de l’âme ; l'amour s’est exprimé, la haine s’est libérée. Cependant l'œuvre n'existera vraiment qu'à l’instant de la rencontre de l’artiste et du spectateur, deux visionnaires pris dans la même émotion, hors des mots et comme suspendus.

Seul compte le regard de celui qui sait voir l’image-miroir de sa propre nature, au-delà de l’écorce, dans le noir, l'image sauvage que son cœur peint dans un geste, d’instinct, à l’aventure de son imaginaire, au devant du rien, à l’extrême de son être divin.

Formes, ondulations, transparences, matières opaques, je cherche où le regard va se poser, comment la toile va trouver son sens. A l’envers, à l’endroit, en long, en large et en travers, un paysage naît, un corps de femme apparaît, un visage se démasque…

Ce qui m’importe, c’est la forme, visage de l’énergie propice, et la lumière, éclairant les mondes intérieurs. Explosions, implosions, expressions de mes mondes contradictoires, bouleversants, bouleversés.

L’œuvre se fige mais les couches invisibles impriment le tableau de leur histoire et de leurs secrets. 

«Le propos n’est pas de reproduire ce qui est visible, le propos est de rendre visible.» Paul Klee.

Isabelle Cornac 

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